Un livre pour comprendre le drame que vivent 1, 5 millions de Gazaouis
Le billet de Jean-Michel Asselin
L’histoire est à la fois banale et hors norme.
Elle commence par un simple coup de fil. Nous sommes en Janvier et je suis du côté de l’Espagne au bord de la Méditerranée, dans une petite ville que j’aime et qui fut le cadre d’un de mes romans : l’Eveil et l’Absence.
Ce coup de fil me vient de Régis Garrigue, un ami médecin urgentiste à Lille. Il m’appelle depuis Gaza, sous les bombes, il se trouve dans l’hôpital Alquds, en flamme, juste pour me dire : « il faut que tu viennes ici, j’ai besoin de toi pour raconter l’incroyable... »
Régis, je le connais depuis une douzaine d’années. Il fut au cours de diverses expéditions en Himalaya le médecin qui soulagea (et sauva !) bon nombre d’amateurs de l’altitude. Aujourd’hui il s’occupe de l’ONG humanitaire qu’il a créée «Help Doctors». C’est une ONG qui pratique l’humanitaire équitable, entendez par là qu’elle s’efforce de travailler avec les locaux, qu’elle les aide à mettre en place leurs propres structures de soin en respectant leurs besoins.
Help Doctors, ce sont des médecins, des soignants, tous volontaires, qui ont du boulot en France et qui prennent des vacances pour réellement aller soigner dans les endroits où des
populations ont besoin d’aide. Help Doctors est ainsi intervenu au Bengladesh, à Madagascar, au Pakistan, en Indonésie et en Palestine. L’ONG a créé avec des Palestiniens un dispensaire à
Naplouse et depuis quelques semaines un autre dispensaire à Khan Younes (dans la bande de Gaza).
Quand la guerre a éclaté cet hiver, alors que la plupart des ONG a attendu la fin du conflit, Help Doctors s’est retrouvé en pleine guerre. Et Régis Garrigue a pu témoigner en direct des
bombardements sur l’hôpital Alquds. Cette ONG ne se contente pas de soigner, si besoin est : elle témoigne...C’est ainsi que les télés et les radios ont pu expliquer au monde entier ce qui se
passait dans un petit hôpital de Gaza, et raconter comment des médecins devaient sortir avec tous les blessés et les malades dans la rue agitant des drapeaux blancs face à l’hôpital en feu.
Quand Régis m’a proposé de revenir à Gaza avec lui, pour recueillir des histoires de vie, j’ai donc accepté. Nous sommes partis une première fois avec un autre médecin, François Giraud et un photographe de l’AFP, Medhi Fedouach (qui était avec Régis pendant la guerre à Gaza comme logisticien). La mission était double : installer le dispensaire de Khan Younes et effectuer le recueil de témoignages. Malheureusement la frontière de Rafah en Egypte affichait porte close et malgré tous nos contacts, il nous fut impossible de passer. Nous sommes restés 5 jours devant les grilles de Rafah, à quelques centaines de mètres de la bande de Gaza... Et ce en compagnie de très nombreux Palestiniens qui tentaient eux, de rentrer chez eux... Certains attendaient depuis des semaines, l’atmosphère était tendue mais les soldats égyptiens étaient absolument inflexibles : pas question de passer ! Cela nous permis de découvrir dans la petite ville d’Al Arish (à 40 km environ de la frontière) tous les camions de l’aide internationale (pour Gaza) stockés dans un stade! Un joli scandale !
3 semaines après cet échec, grâce au travail des autorités françaises à Jérusalem, nous avons pu obtenir «une coordination» pour entrer à Gaza le 23 mars, via le fameux terminal d’Erez..
Nous sommes (Régis Garrigues, Marie-Laure Bry et moi-même) restés une semaine à Gaza. Avec une traductrice franco Arabe, Assia, j’ai pu réaliser ce travail quelque peu éprouvant de
recueillir des témoignages... Nous avons parcouru la bande de Gaza du nord au sud, tous les jours (plus de 12 heures par jour), pour rencontrer des Palestiniens de toutes conditions. Nous avons
ramené des témoignages extrêmement parlants. Ces histoires que racontent les protagonistes à la première personne constituent un document éprouvant qu’il faut lire pour comprendre que cette
histoire ne peut rester dans les cercles autorisés. Il ne s’agit pas d’un pamphlet politique mais tout simplement de la parole de gens, comme vous et moi, qui ont vécu et vivent tous les jours
l’horreur absolu. Ces
Palestiniens démunis de tout, assistés, sidérés, effarés, niés vivent dans une prison à ciel ouvert...
Le livre est sorti à la fin juin, sous une forme très originale. Il permet en partie de financer le dispensaire de Khan Younes qui est ouvert depuis avril et permet de traiter les personnes atteintes de maladies comme le diabète, l’hyper-tension… et autres maladies chroniques qui ne sont plus soignées, faute de structures et de médicaments. Il permettra aussi de reparler de ce scandale qu’est la bande Gaza et qui, quand les armes se taisent, n’intéressent plus tellement les médias...
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